L’ancienne RC4, devenue aujourd’hui les routes nationales 4A et 34, s’étend le long de la frontière chinoise, entre Lang Son et le bourg de Bao Lac en passant par la ville de Cao Bang. Célèbre pour les paysages qu’elle traverse, son importance stratégique pendant la guerre d'Indochine et surtout pour les batailles sanglantes entre le corps expéditionnaire et le Vietminh qui voulait ouvrir l’accès aux ravitaillements chinois, elle devient un nom mythique qui sonne fort aux oreilles de tous les passionnés d’histoire.
A partir de 1885, les Français conçoivent le plan de s’emparer de la région Nord-Est du Tonkin et pour se faire y envoient diverses colonnes, le long de l’axe de la RC4 qui, à l’époque, est un sentier incertain traversant des pays aux nombreux miasmes et contrôlés par des bandes de bandits chinois qu’elles doivent affronter. Paul Vial en témoigne : … après des marches pénibles sur des terrains marécageux, sous un soleil de feu, après des nuits d’alarme passées sans sommeil à côté des amis qui souffrent et gémissent dans les étreintes de la fièvre, à quelques pas d’un ennemi redoutable qui ne craint pas la mort et qui nous guette dans l’ombre, les hommes les mieux tempes s’anémient lentement. Ils deviennent une proie facile pour la fièvre et le choléra, ces deux fléaux implacables, aux influences desquels n’échappent sûrement que ceux bien rares qui dominent les passions du vulgaire… (Les Français en Indochine, 1860-1910, Hachette, 1996).
Par la suite les Français s’emparent de la zone (1886) et y construisent une série de châteaux, de forts, de forteresses et de petits postes isolés entre des pitons, ce afin de fortifier la frontière céleste. La RC 4 est construite à travers cols et forêts; des places fortes à la Vauban sont construites à Cao Bang et à Lang Son. Les places fortes sont tenues par des garnisons, les forts et les postes par un ou deux officiers ou sous-officiers français supportés par des sections de Thô (Nung).
A partir de 1948, la RC 4 devient connue sous la dénomination de boulevard de la mort, la route sanglante pour cause les embuscades menées par le Vietminh à partir de 1947. Pour ouvrir l’accès aux aides venant de Chine et consolider son implantation dans la région, le Vietminh cherche en effet à en débarrasser les troupes françaises. Première chose à faire: isoler Cao Bang, en la privant de tout ravitaillement. Des troupes du Vietminh reçoivent alors l’ordre d’harceler les convois de ravitaillement sur la RC4. Bordée de collines et de montagnes, avec parfois des passages au milieu de falaises abruptes, cette route était propice aux embuscades. Les attaques commencèrent dès 1947 et en 1950, certains convois de ravitaillement perdaient jusqu’à 80% de leurs camions. La tactique utilisée par la guérilla est de détruire à chaque fois le véhicule de tête et d’immobiliser le convoi, ainsi exposé telle une longue chenille au feu et à l’assaut.
En juin 1949, le général Revers préconise l’abandon de la zone frontalière mais son plan est repoussé par M. Pignon, haut-commissaire de France en Indochine, pour qui une retraite équivaut à perdre la face. En 1950, suite à de nouvelles attaques vietminh réussies, le plan du général Revers d’évacuer est adopté, mais il est trop tard. Le 17 septembre 1950, le Vietminh s’empare de Dong Khê coupant la RC4 en deux. La colonne Charton partie de Cao Bang et celle de Lepage partie de Lang Son ne feront jamais la jonction pour reprendre Dong Khê. Ce sera le rendez-vous de la mort dans la fameuse cuvette de Coc Xa où les 2 colonnes y sont anéanties le 7 octobre 1950. Pour beaucoup, c’est sur la RC4 qu’a été perdue la guerre d’Indochine. La bataille de la RC4 constitua l’acte fondateur de l’armée populaire du Vietnam et Diên Biên Phu ne sera, quatre ans plus tard, que la conclusion inéluctable de ce conflit.
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