La vallée de Dien Bien Phu dans le Nord - Ouest du Vietnam, célèbre pour la bataille qui s’y déroule en 1954 et parachève ainsi la guerre d’Indochine, s’étend sur un axe nord-sud sur une vingtaine de kilomètres pour quatre-cinq de large. La vallée est encaissée et surplombée par une série de hautes-crêtes et de sommets dont les Phu Nam Ngop (1390 m), Phu Nam Luong (1220 m) et Phu May Tun, (1630 m), vers l’est les Phu Pha Lom (1752 m) et Phu Cay (1762), le nord étant surplombé par les contreforts sud du massif du Phu Huoi Long (2178). La vallée est alimentée par les rivières Nam Nua, Nam Yom, Nam Ngam et Nam Co par le nord.
La vallée de Dien Bien Phu, carrefour sur les routes de la Chine et du Laos, est choisie par l’état-major du Corps expéditionnaire afin de l’application de sa stratégie du camp retranché qui consiste à fixer les meilleures divisions de l’adversaire pour les détruire lors de ses assauts. La plaine est donc occupée en novembre 1953 par le corps expéditionnaire qui attend l’attaque des troupes du général Giap.
La bataille se déroule entre le 13 mars et le 7 mai 1954, entre les forces du Corps expéditionnaire des Français et le Vietminh appuyé par les Chinois. L’état-major français applique la méthode du hérisson, en fortifiant diverses vallées dont d’abord Na San puis Dien Bien Phu, l’idée étant de couper les lignes du Vietminh et de sécuriser le Haut Laos. L’opération sur Dien Bien Phu se nomme opération Castor et commence par le largage de neuf mille parachutistes qui agrandissent un aéroport précédemment édifié par l’armée impériale japonaise. Sous le commandement du colonel de Castries, les Français installent diverses places fortes sur des petites collines entourant la vallée, les principales sont : Gabrielle au nord, Béatrice au nord-est, Dominique à l’est, Eliane au sud-est, Junon et Isabelle au sud et Liliane, Françoise à l’ouest et Huguette et Anne-Marie au nord-est. Les Français alignent dix mille huit cent hommes dont des parachutistes, des légionnaires, des tirailleurs marocains et algériens et des troupes locales dont des minorités, des Laos et des Cambodgiens. Entre temps le général Giap rassemble ses forces vers le site, notamment les divisions 316, 308, 312 et 351, précédemment déployées dans le Viet Bac (le Nord-Est), représentant un total de cinquante mille hommes pourvus d’artillerie lourde équipés de canons dont des M101 de 105 mm.
L’assaut du Vietminh commence le 13 mars avec l’attaque de Béatrice et un tir intensif depuis les hauteurs où sont, à l’insu des Français, installés des batteries de 75, 105 et de 120 mm, ensuite, la division 312 lance un assaut frontal, trois cent cinquante Légionnaires y sont tués, blessés ou capturés, une centaine s’échappent et les hommes de Giap s’emparent de la place. Par dépit, le commandant de l’artillerie française, le colonel Charles Piroth se suicide, il avait prédit que le Vietminh serait incapable d’installer de l’artillerie lourde sur les hauteurs. Entre les 14 et 15 mars, Gabrielle est assaillie et malgré une contre-attaque est perdue ainsi que mille hommes côté français, entre mille et deux mille côtés vietnamiens, en fin d’après-midi l’aéroport est coupé. Le 17 mars, Anne-Marie, tenue par des troupes thaï et d’autres ethnies est abandonnée. Entre le 18 et 30 mars, diverses opérations sont effectuées notamment pour sécuriser l’aéroport, point vital de ravitaillement. Entre le 30 mars et le 1ier avril, des assauts sont menés contre Dominique et Eliane, les deux postes du secteur de la rivière Nam Yun (secteur est). Début avril la mousson arrive prématurément. Alliée du Vietminh, elle inonde le fond de la vallée et les tranchées du Corps-expéditionnaire ; le général Giap organise des actions d’infiltrations et ses hommes creusent des contre-tranchées, les attaques contre des collines continuent, notamment sur Eliane 1, Huguette 1 et 6. L’aéroport et les aires de parachutages deviennent impraticables. Fin avril, le poste Isabelle est anéanti. La phase finale de la bataille se déroule entre le 1ier et le 7 mai. Le 1ier, le Vietminh lance un assaut frontal et s’empare d’Eliane 1, de Dominique 3, d’Huguette 5 et d’Eliane, cette dernière étant précédemment bombardée par des roquettes Katyusha (un lance-roquette soviétique à tir rapide). Le 7, les vingt-cinq mille hommes restants du Vietminh se ruent sur les trois milles membres du Corps-expéditionnaire survivants et s’emparent de l’état-major du colonel de Castries.
Dien Bien Phu reste sans doute le plus grand vestige de la guerre d’Indochine. Le site constitue donc une destination incontournable pour ceux qui s’intéressent à cette guerre ou, plus généralement, à l’histoire de la colonisation française au Vietnam. Ce fut la bataille la plus longue, la plus furieuse, la plus meurtrière de l'après Seconde Guerre mondiale, et l'un des points culminants des guerres de décolonisation. Le gouvernement vietnamien déclare quatre mille vingt morts, neuf mille cent dix-huit blessés et sept cent quatre-vingt-douze disparus, les Français estimant ces pertes à huit mille morts et quinze mille blessés. Le Vietminh capture huit milles français, dix milles avec les supplétifs locaux, sur ce total trois mille deux cent quatre-vingt-douze seront libérés.
Aujourd’hui, l’ensemble des vestiges historiques de la bataille de la cuvette de Dien Bien Phu est répertorié comme site national spécial. La plupart des vestiges sont présents dans le centre-ville de Dien Bien Phu et pour ceux qui aiment les balades urbaines, il est facile et agréable de se balader en ville pour les découvrir.
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