Le quartier colonial de Saigon

Au 17ème siècle, le site était un port de commerce fluvial appelé Prey Nokor, « ville de la forêt », par les Khmers qui sont originellement les premiers habitants de ce territoire. L’affaiblissement du royaume khmer et l'expansion des Viêt vers le Sud permirent aux Vietnamiens de conquérir bientôt ces terres marécageuses. Ceux-ci donnent le nom Saïgon à cette ville en bordure de la rivière éponyme. En 1858, les français s'emparent de la Cochinchine, région englobant les provinces du delta du Mékong, dont Saigon. La colonisation française devient officielle par le traité de Saïgon signé le 5 juin 1862. Sous domination française, la ville se développe et les français vont réaménager à leur manière la ville : quadrillage méthodique, urbanisme à la française et construction de nombreux ouvrages civils et militaires inscrivant la puissance coloniale dans la pierre. L’allure de la ville coloniale, surnommée à l’époque “la Perle de l'Extrême Orient”, a beaucoup changé depuis le départ des français en 1954. Ce changement est accéléré depuis quelques décennies, quand Saigon devient le poumon économique d’un Vietnam qui se modernise. La ville connaît en effet une mutation urbanistique éclair avec une frénésie de démolition et de reconstructions ; de nombreux vestiges architecturaux coloniaux ont été les premières victimes. Tous n’ont pas été heureusement encore détruits et les monuments restants procurent à Saigon le charme de son passé colonial : l’ancien hôtel de ville, la poste centrale, la cathédrale Notre-Dame, l’Opéra de Saigon, entre autres. L'hôtel de ville Construit par l'architecte français Paul Gardès de 1902 à 1908, l'hôtel de ville de style néo-renaissance est un parfait exemple de l'architecture coloniale. La façade richement ornée et la toiture élégante surmontée d’un beffroi typique du nord de la France sont l'œuvre de Louis-Lucien Ruffier. La poste centrale La poste centrale, construite entre 1886 et 1891 par l'administration des Postes françaises, est l'un des plus beaux vestiges de l'architecture coloniale de la ville. Réalisé par l’architecte Auguste-Henri Villedieu, l’édifice repose sur une charpente métallique conçue par Gustave Eiffel sous laquelle une trentaine de guichets en bois s'alignent. Carrelage d’époque, fresques murales originales, panneaux de bois sculptés, antiques cabines téléphoniques et espaces réservés à l'écriture semblent avoir figé le temps sous le regard de Ho Chi Minh dont le portrait s’affiche en grand dans l’allée centrale. La cathédrale Notre Dame Originellement construite en bois mais se dégradant très vite, décision est prise en 1876 de construire une cathédrale qui, selon les plans de l’architecte Bourard, est de style roman révisé, mélangé au style gothique et basé sur une réduction du modèle de Notre-Dame de Paris.Trônant en haut de l’ancienne rue Catinat, l’édifice est habillé de briques rouges importées de Toulouse et des vitraux réalisés à Chartres subliment son intérieur. Sur le parvis, est érigée une statue de la Vierge Marie en marbre provenant directement de Rome. L’Opéra de Saigon L’Opéra de Saigon, dont la façade à relief n’est pas sans rappeler celle du Petit Palais à Paris, est conçu par l’architecte Félix Olivier. Achevé en 1900, cet édifice de style flamboyant de la Troisième République française arbore sols en granit, chandeliers de cristal et statues de pierre. Siège du parlement de la république du Vietnam jusqu’en 1975, il retrouve depuis sa fonction originelle, devient résidence de l'Orchestre symphonique du ballet de Ho Chi Minh-Ville et accueille concerts, pièces de théâtre et danses vietnamiennes traditionnelles.