Les dunes du Panduranga

Le Centre-Sud Vietnam s’illustre par ses champs de dunes côtiers, ensembles formant parfois de surprenants ergs océaniques. Le plus vaste est celui des dunes au niveau du centre de l’ancien royaume du Panduranga (actuelle province de Binh Thuan), une entité semi-désertique à l’allure saharienne, de par ses dimensions et caractéristiques uniques au Vietnam et en Asie du Sud-Est. Les Français de l’époque coloniale comparent la région avec le littoral algérien ou cyrénéen.

Les dunes du Panduranga s’étendent entre les baies de Phan Ri et de Phan Rang sur une cinquantaine de kilomètres de long et une vingtaine de kilomètres de large. Elles sont délimitées au Nord par la rivière Song Luy, à l’Est et au Sud-Est par le Pacifique, à l’Ouest par les contreforts méridionaux de la Cordillère annamitique. L’extrême sud de la zone est abrupt et plonge vers la plaine de Phan Thiet et sur le mamelon rocheux de Ba Nai, site de la tour chame de Po Shanu, au-dessus de l’embouchure de la rivière Song Can. La partie septentrionale se forme de grandes dunes blanches (les dunes de Trinh Nu), alors que la partie centrale s’étend en terrasses de sables rouges alternant avec d’autres dunes blanches disséminées çà et là le long du littoral.

Vu depuis un satellite, la zone de ces dunes a une forme de demi-lune à l’instar de la forme de la vallée le bordant dans le piedmont des contreforts méridionaux de la Cordillère annamitique (localement le sud des monts du Pandaran) : un ensemble de massifs eux-mêmes agencés le long d’un arc en demi-cercle, favorisant la capture des vents et ainsi la création de ce désert. Durant des millénaires, les vents océaniques alliés à des courants particuliers orientés en couloirs vers la zone et à un climat semi-aride déposent des masses de sables et forment ainsi la montagne sableuse qu’est la grande dune. Certaines hauteurs échappent à l’ensablement, notamment la série de caps rocheux bordant le sud de l’erg (le caps Mui Dinh).

La zone est sujette à un climat semi-aride de type c (presque aride en saison sèche, décembre-fin mai) et au régime de la mousson du Sud-Ouest (de juin à décembre), celle-ci engendre précipitations, orages, typhons et crues créant des oueds périodiques, alimentations des deux lacs centraux de Bau Sen et de Bau Trang (Bai Ba Dong ou Bau Ba) ; les flots nourrissent également des mares saisonnières de forêt, des zones marécageuses (au nord des lacs), le Song Luy et les nappes phréatiques se situant à environ quarante mètres sous les dunes. La fin de la saison des pluies et des typhons (octobre-novembre) est le printemps des dunes, buissons et herbes y fleurissent emplissant l’air d’odeurs subtiles, les parties forestières ou buissonnières y verdissent d’unisson. En quelques semaines à peine, après les dernières pluies, fin décembre, la zone redevient aride et brûlée six mois sous les feux de la saison sèche, lui conférant un aspect sud-méditerranéen, pays presque saharien où seuls cactus maritimes et herbes-rases s’épanouissent.